lundi 12 août 2013

LE RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT, CRITÈRE DE CIVILISATION


Dans un discours de Mobutu, aujourd'hui oublié comme presque tout ce qui concerne l'ancien président de l'ex-Zaïre, ce dernier avait déclaré : « Qui sait si un jour on ne mesurera pas le degré de civilisation d'un pays à sa capacité à protéger son environnement ?» Propos génial et visionnaire!... Cependant, je vois déjà d'ici des sourcils se froncer et de toutes parts fuser des questions du genre « mais où veut-il en venir ? ».

 Calmez-vous donc !...Certes, le tristement célèbre dictateur zaïrois avait en son temps tout fait pour mériter le silence méprisant qui couvre sa mémoire aujourd'hui. Pour autant, est-il si paradoxal de se référer à l'ancien maréchal du Zaïre, à quelque titre que ce soit, lui qui, trente ans durant, aura marqué de son empreinte le devenir de toute une nation? 

 Bien plus, malgré l'abondante ivraie semée par l'ancien président du Zaïre, ne relève-t-on pas (aussi) la présence, dans son palmarès, du bon grain qu'il aura engrangé, notamment en contribuant à la lutte de libération de certains pays du continent dont l'Afrique du Sud, ainsi que l'a reconnu Nelson Mandela lui-même à sa sortie de prison? Nous pensons, quant à nous, que l'Histoire, qui est la mémoire des peuples, ne peut se permettre de faire l'impasse sur les faits et  gestes d'un tel homme .

 C'est dans cet ordre d'idées que, parlant de l'Environnement, le devoir d'honnêteté intellectuelle nous oblige à rendre justice à l'ancien dirigeant zaïrois pour avoir été en son temps l'un des pionniers de la lutte pour la défense et la protection de ce secteur dans son pays et dans le monde. 

En effet, en droite ligne du propos cité ci-haut, Mobutu a, sous son règne, multiplié par dix la superficie totale des parcs et autres réserves naturelles du Congo. Il a été parmi les tout premiers chefs d’État africains à doter son  pays d'un ministère de l'Environnement chargé de concevoir et matérialiser la politique du Congo dans ce domaine et de défendre dans les forums internationaux le point de vue de ce pays en matière de protection de l'Environnement. 

 En fait, pourrait-on dire, il a fait, dans ce domaine, le minimum de ce qui devait être fait à l'époque en faveur d'un pays doté d'un potentiel environnemental aussi important. Ainsi, nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir eu à la tête du pays un président qui a compris à ce moment-là déjà cette vérité énoncée voici plusieurs siècles par l'auteur latin Lucrèce, à savoir : « La vie n'est la propriété de personne, mais l'usufruit de tous ».

Ainsi, la République démocratique du Congo qui a le redoutable privilège d'abriter, au propre comme au figuré, l'espérance de vie de toute la planète, savoir : les deux tiers des forêts humides du continent, une biodiversité quasi unique au monde et un réseau extrêmement dense de fleuves et de rivières, ne peut se payer le luxe de mener, dans ce domaine vital, une politique aventuriste ayant pour seul mobile la recherche du profit immédiat, au mépris de l'éthique la plus élémentaire. A l'instar de son illustre prédécesseur, l'actuel président de la RDC se doit de prendre conscience des vrais enjeux de ce secteur porteur il est vrai, afin d'agir en conséquence en toute responsabilité. 

 Voilà pourquoi nous dénonçons comme funeste, inopportun et donc à rejeter, le projet de la société britannique Soco International de s’implanter, même avec la bénédiction du président Joseph Kabila, dans le parc des Virunga, pour y exploiter du pétrole, vouant ainsi à l'anéantissement ce site classé par l'Unesco patrimoine de l'Humanité.

 Nous demandons aux hommes de bonne volonté de ce pays et dans le monde de se lever pour barrer la route à ce projet suicidaire. Oui suicidaire ! Pas seulement pour la population locale qui vit sur et de ce site, mais également pour la communauté des hommes et des femmes - les générations futures comprises - qui jouissent à travers le monde des bienfaits générés par l'équilibre des écosystèmes congolais.

Il est certes vrai que les autorités congolaises ont la ferme volonté de faire de la RDC un pays émergent d'ici vingt ou trente ans. Mais, qu'on se le dise, l'émergence de la RDC ne pourra jamais se  faire au détriment du bien-être des populations congolaises, présentes et à venir.

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