Le
pianiste-guitariste
et chanteur franco-congolais Ray Lema a été proclamé jeudi 21
novembre dernier lauréat du prix Charles Cros pour son dernier album
intitulé VSNP (Very Special New Production). Au
terme de
trente ans de
présence
sur la scène musicale internationale, ce prix vient
à
point nommé pour couronner
une carrière singulière
partie
des forêts et savanes du bassin du Congo où Ray Lema s'était, à
moins
de trente ans,
attaqué au
projet fou
de
fédérer
plus de trois cents ethnies autour d'un
programme
unique
fait de
danses et de musiques,
avant de se lancer,
début 1980,
à la conquête des musiques du monde, catégorie où l'on
classe
aujourd'hui
encore, sans
doute
par défaut, ce musicien qui
défie toute classification.
Né
en République démocratique du Congo, Ray Lema a découvert son
talent
pour la musique au petit séminaire de Mikondo situé
dans
la périphérie de la
mégapole Kinshasa.
A
l’âge de 13 ans, il
s’initie au piano sous la férule d'un prêtre
de la congrégation de Scheut, prend plus
tard des
cours de guitare et
abandonne volontairement
ses
études de
chimie à l'Université de Kinshasa,
pour
suivre son génie.
C'est
l'époque où il
accompagne
quelques géants de la musique congolaise, notamment
Léon Bukasa et Grand Kallé, tout
en se familiarisant avec
les
maîtres
américains
du
soul, du jazz, du rock
et du funk.
De cette époque date le
culte qu'il vouera toute sa vie à
Jimmy Hendrix et
Herbie Hanckoc notamment,
au
point que
dans son dernier opus, qui le campe de plein pied dans le
monde
du Jazz, une des pièces est
dédiée à ce dernier.
Nommé
directeur du Ballet national du Zaïre en 1974, il prendra
six ans plus tard son envol grâce à la Fondation Rockfeller qui lui
offre un séjour
d'étude
aux Etats-Unis, étape
qui
marque, pour
cet assoiffé de l'alchimie
musicale,
le début d'une exploration tous azimuts dans
ce domaine.
En
effet, curieux
de toutes les musiques, Ray Lema collabore alors
et
fraie avec les grands de la scène musicale internationale : Steward
Copeland (ex-batteur de Police), le
professeur Stefanov
et son
ensemble
de voix bulgares, les Tyour Ganoua d’Essaouira, etc.
Auteur
d’une vingtaine d’albums, tous différents les uns des autres,
Ray
Lema
avait
déjà
engrangé
plusieurs prix, dont un Django d’Or, avant
de
recevoir
le prestigieux prix Charles Cros.
Fondée
en 1947, au lendemain de la 2ème guerre mondiale, l'Académie
Charles Cros a
pour mission de défendre la diversité musicale, veiller à la
préservation de la mémoire sonore, soutenir la création, le
développement des carrières d'artistes, l'esprit d'entreprise ainsi
que
le courage des éditeurs graphiques et phonographiques . Une
fois par an, elle décerne ses Grands Prix du disque. Ainsi,
pour
ce 66è palmarès, plus
d'une
vingtaine d'artistes ont été nominés sous diverses
thématiques : musique contemporaine, musiques du monde, blues,
jazz, etc.
Actuellement,
la priorité pour Ray Lema demeure l’enseignement
musical en Afrique. A
cette fin, il a mis sur pied le projet UMA (Université de musique
africaine) pour lequel il organise
souvent des ateliers à
travers le continent.
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