Parcourant dernièrement
la toile à la recherche de quelque trace sur Alphonse Nguvulu Lubundi, une personnalité de premier plan de l'histoire politique de la RDC, quelle ne fut ma surprise de
constater qu'il n'y avait strictement rien, ni sur l'homme
politique ni sur l'homme de culture. Juste deux lignes faisant état
de son appartenance à la Franc-maçonnerie congolaise! J'ai décidé donc de consacrer quelques
pages de ce Blog à réparer cet oubli et faire ainsi justice à un homme
qui somme toute aura beaucoup contribué au rayonnement de ce pays qu'il a tant aimé.
Mon propos consistera
dans un premier temps à raviver l'image de l'homme de culture qu'il a été, en tentant de restituer les lignes de faîte de sa pensée telle que j'ai appris à la connaître à travers les nombreux entretiens et échanges écrits que
je conserve de lui.
Un des thèmes cher à "papa Nguvulu", comme l'appelaient familièrement les Congolais et jusqu'au président Mobutu lui-même (1), c'est celui du développement intégral de l'Afrique. On se souvient encore de l'anathème que
l’agronome français René Dumont lança au lendemain des indépendances africaines dans les années 1960 : « L’Afrique
noire est mal partie ». Depuis, des dizaines de scientifiques
appartenant à différentes disciplines lui ont emboîté
le pas, s’efforçant les uns et les autres de cerner les causes
profondes qui se trouvent à la base des échecs récurrents
rencontrés par toutes les politiques de développement mises en oeuvre
en Afrique postcoloniale. In fine, ces savants issus d’un monde et
d’un mode de pensée étrangers à l’Afrique n’ont pu proposer
que des pistes de solution inspirées des idéologies propres à leur
univers culturel qui, toutes, reflètent les valeurs de l’homo
oeconomicus. Un demi-siècle après les indépendances, force
est de constater que ces diagnostics ainsi que les thérapeutiques proposées ressemblent fort à un cautère sur une jambe de
bois : l’Afrique noire semble décidément mal partie.
Pourquoi ?
Pourquoi l’Afrique noire ne parvient-elle pas à
décoller ? D’où vient le blocage ? En fin de compte, se
demandent certains, l’Afrique noire pourra-t-elle partir un jour?
C’est pour tenter de répondre à ces questions qu'à l'instar d'autres penseurs africains qui ont osé, à la fin du siècle dernier, s’écarter des sentiers battus et rebattus des postulats de la science économique occidentale, Alphonse Nguvulu avait décidé de s’engager lui aussi sur des pistes nouvelles et originales inspirées de méthodes d’investigation s’écartant résolument des schémas classiques. Voici esquissée en quelques lignes trop sommaires nous en convenons, la quintessence de sa pensée dans le domaine crucial des stratégies de développement à l'africaine.
C’est pour tenter de répondre à ces questions qu'à l'instar d'autres penseurs africains qui ont osé, à la fin du siècle dernier, s’écarter des sentiers battus et rebattus des postulats de la science économique occidentale, Alphonse Nguvulu avait décidé de s’engager lui aussi sur des pistes nouvelles et originales inspirées de méthodes d’investigation s’écartant résolument des schémas classiques. Voici esquissée en quelques lignes trop sommaires nous en convenons, la quintessence de sa pensée dans le domaine crucial des stratégies de développement à l'africaine.
L’AFRIQUE,
BERCEAU DE L’HUMANISME
Pour
Alphonse Nguvulu, il importe, au
départ, d'admettre l'axiome ci-après : l’Afrique est le berceau de l’humanité et donc
de l’humanisme. Il s'ensuit, par voie de conséquence, que toutes les valeurs d’ordre social, éthique et
spirituel ayant permis à l’homme de résoudre les
contradictions groupe-individu, nature-culture, s’élaborèrent en
Afrique. D'où l’éclosion sur ce
continent sous l’impulsion des valeurs qui sous-tendent encore
aujourd’hui la personnalité et l’identité nègres, de la
civilisation la plus prodigieuse qu’ait connue l’humanité, à
savoir la civilisation égypto-pharaonique. Ces valeurs
sont fondamentales pour tout être humain : dès qu’il s’en
écarte, le déséquilibre se produit en lui automatiquement… Et à l’instar de toutes les
civilisations négro-africaines, la civilisation égypto-pharaonique
fut, dans son essence, religieuse, spiritualiste.
Aux hommes
de science occidentaux prisonniers des thèses ethnocentristes
soutenant que le Noir a toujours évolué en marge de « la
civilisation », Nguvulu Lubundi répond en citant Georges
Gurvitch : «L’ancienne Egypte (pharaonique) est à considérer
comme l’épanouissement total prodigieux des civilisations
négro-africaines de l’Afrique noire ». C’est net et
clairement exprimé. Toutefois, comme
l’évolution de toute société humaine obéit aux lois du
déterminisme cyclique de la vie
– un des fondements de la pensée nguvulienne -, il ne faudrait
pas s’étonner outre mesure qu’après avoir atteint l’apogée
dans son évolution historique, l’Afrique noire ait connu une
certaine décadence.
Aujourd’hui,
après s’être libérée des chaînes du colonialisme oppresseur,
exploiteur et aliénant, l’Afrique noire est prête à s’engager dans un nouveau
cycle de son histoire, affirme Nguvulu qui fait
observer qu’en dépit de toutes les tribulations qu’elles ont
connues (dues, selon lui, à des facteurs exogènes), les sociétés
traditionnelles négro-africaines continuent de faire preuve de dynamisme sur le
plan culturel, d’esprit de créativité et d’ingéniosité qui se
reflètent notamment dans la production artisanale : statuaire,
vannerie, poterie, voire dans le traitement des métaux, les
techniques agricoles, sans oublier le vaste champ de la médecine et
de la pharmacopée traditionnelles.
Le même
dynamisme s’observe également dans les villes africaines à
vocation industrielle où l’on voit des jeunes gens, pour la
plupart des simples « bricoleurs » sans titres
académiques, prendre des initiatives hardies en matière
d’invention, en mettant au point des plans d’invention allant de
la calculatrice mécanique au laboratoire le plus complexe en passant
par des appareils de télécommunication, de domestication de
l’énergie solaire, etc.
Enfin, alors que les eurocentristes avaient, des décennies durant,
soutenu avec force que le Noir était
incapable d’abstraction pour n’avoir inventé ni la roue ni
l’aiguille, en moins d’une génération l’Afrique
noire postcoloniale s’est dotée d’une classe d’intellectuels
d’un niveau scientifique très élevé parmi lesquels des médecins,
des pharmaciens, des ingénieurs civils, des ingénieurs atomistes,
des linguistes, des économistes, des biologistes, des agronomes, des
mathématiciens, etc., dont certains évoluent avec bonheur dans les
sociétés les plus industrialisées du monde. Et si, en dépit de la
présence de ces cadres et dirigeants hautement qualifiés, l’Afrique
ne « décolle » toujours pas, c’est, explique Nguvulu,
simplement parce que, profondément marqués par les valeurs de
l’éthique sociale occidentale, ces intellectuels vivent en marge
de leurs sociétés, de leurs peuples et se heurtent par conséquent
à une forme de résistance larvée organisée par ces derniers à
partir de techniques qui leur sont propres, inaccessibles
à l’entendement de ces cadres, et la
société se trouve bloquée.
Pour
Alphonse Nguvulu, ces trois facteurs d’ordre sociologique, bien que
ne retenant pas encore l’attention des milieux scientifiques de
notre continent, prouvent à suffisance que le Négro-africain
possède dans son intuition tous les concepts de base de la science
expérimentale et qu’à partir de l’éthique sociale dont il se
réclame, celui-ci pourrait mettre en chantier un type de
développement qui instaurerait au sein des sociétés africaines
modernes équilibre, harmonie et cohésion. La science est-elle
l’apanage d’une race ou d’un peuple ? s’interroge avec
pertinence le scientifique congolais. N’est-elle pas un patrimoine
commun de l’humanité ?
QUEL
TYPE DE DEVELOPPEMENT POUR L’AFRIQUE NOIRE ?
L’époque
est lointaine certes où théoriciens et praticiens du développement
assimilaient celui-ci à une croissance exponentielle. On a pris
conscience depuis quelques décennies que la culture constituait une
dimension essentielle du développement. Pour autant, tout n’est
pas encore dit – loin s’en faut ! – sur ce sujet complexe.
Sans prétendre apporter « la » réponse, définitive et
absolue, à la question du développement intégral et harmonieux de
l’Afrique, Nguvulu Lubundi nous invite, en toute humilité, à
mettre un moment de côté nos théories socialo-capitalistes, et à
tenter de le suivre sur ce qu’on pourrait appeler les voies
négro-africaines du développement.
Depuis des
millénaires, nous rappelle ce chercheur, la finalité de toute
communauté humaine demeure la même : la survie du groupe, de
l’espèce. Cependant, à mesure que des mutations
s’opèrent au sein de la société, les moyens pour assurer cette
finalité changent, s’adaptent, du fait que les ensembles sociaux
deviennent plus complexes.
Toute
innovation sociale se réalise dans une
société donnée à partir des motivations qui, jaillissant de la
structure psychique de ses membres, guident le comportement de ces
derniers. Ceux-ci n’atteindront l’objectif visé, à savoir le
progrès de la société, qu’en s’appuyant sur les valeurs qui
sous-tendent leurs propres personnalité et identité. Car, le phénomène qu’on appelle « progrès »,
difficile à cerner, ne peut s’accomplir au sein d’une société
donnée qu’à partir de la personnalité et de l’identité
propres à celle-ci. En effet, le mode de vie
d’un peuple est toujours fait des coutumes anciennes adaptées aux
circonstances et aux besoins actuels. Et Nguvulu de déplorer non
sans ironie : c’est une variable à laquelle malheureusement les
« spécialistes », les « diplômés en
développement », les « techniciens » et autres
« prophètes » du développement n’ont jamais
suffisamment prêté attention dans la nouvelle Afrique.
D’où la
nécessité, selon lui, de
l’institutionnalisation, dans chaque Etat négro-africain, d’un
dialogue sincère entre ceux qui incarnent la personnalité et
l’identité nègres, dont le comportement continue de s’appuyer
sur les valeurs de la civilisation négro-africaine d’essence
religieuse, transcendantale, d’une part, et, d’autre part, les
« modernistes », détenteurs d’une formation
scientifique de haut niveau mais profondément marqués par les
valeurs de l’éthique sociale occidentale, source, toujours selon Nguvulu
Lubundi, de déséquilibre, de rupture de l’esprit de groupe
incarné par l’homo socialis.
Pour le
chercheur congolais, les intellectuels et tous les responsables
négro-africains devraient observer et faire preuve effectivement
d’une attitude logique et conséquente en matière culturelle. Il
ne suffirait plus de déclarer à tout moment que
l’Afrique a droit à son identité ou authenticité culturelle,
mais il faudrait décider, hic et nunc,
d’agir et de vivre en conséquence avec détermination et de
manière systématique.
L’intellectuel
occidental, japonais, chinois, hindous, sud-coréen, arabe, juif,
etc. ne se définit-il pas, par rapport à l’autre, à partir de
son identité culturelle, de sa rationalité propre ? A partir
de quelles bases, donc, l’intellectuel négro-africain
affirmerait-il sa personnalité, son identité face à l’ « autre » ?
s’interroge une fois de plus Nguvulu.
Ainsi, l’Afrique moderne doit absolument faire recours aux
principes de la philosophie et de la civilisation de l’ancienne
Egypte, qui était profondément marquée par les valeurs
négro-africaines, en vue d’inspirer et conforter ses efforts
actuels de renaissance culturelle et de promotion d’une
civilisation négro-africaine moderne intégrant les éléments
pertinents et significatifs d’autres civilisations et soutenant en
même temps la ligne fondamentale de sa tradition.
L’esprit
propre à la civilisation découlant du système métaphysique
négro-africain est celui de l’homo
socialis, révèle le chercheur. Aussi, pour
un développement intégral et harmonieux du continent, cet esprit
devrait-il guider tous les efforts d’élaboration des principes de
vie sociale, économique et spirituelle.
Si une
telle synthèse pouvait réussir, ce serait, soutient Nguvulu
Lubundi, l’une des plus importantes contributions de l’Afrique
noire à l’humanité actuelle à la recherche d’un ordre nouveau
capable de régir les relations entre les nations tant sur le plan
économique que social et culturel.
LA
FEMME, CREATRICE DE CIVILISATION ET SOURCE DE PROSPERITE
Progressant
dans sa réflexion sur les conditions du développement intégral et
harmonieux de l’Afrique, Nguvulu Lubundi aborde, à ce stade, un
sujet qui lui était particulièrement cher et qui constitue la
quintessence même de sa pensée, à savoir : le
rôle historique que la Femme est appelée à
jouer pour que les sociétés africaines s’engagent enfin dans la
voie du progrès et de la prospérité pour tous.
Ce préalable,
insiste-t-il, s’inscrit dans l’économie
même des lois d’Harmonie universelle.
Et
le chercheur de poursuivre : Chez les Woyo-Kongo, les
Kongo, les Tshokwe, les Luba, les Zulu, les Mongo et d’autres
peuplades de l’Equateur (une des provinces de la RDC), Dieu, le
Grand-Maître de l’Univers, est désigné respectivement sous les
vocables suivants : Me-Nza-Mpungu, Nzambi-a-Mpungu,
Nzambi-Kalunga, Nzambi-Kabezya-Mpungu, Ndjambi-Karunga, Nza-Komba.
Les Fanti et les Ashanti du Ghana ainsi que différentes tribus de la
Haute-Guinée utilisent dans ce domaine les termes : Yampouking,
Yankkunpung, Onyangkompung. Les termes ou préfixes nza,
ndya, yam, yan, onyan désignent, dans
différentes langues négro-africaines, la Nature. Par contre, les
noms Mpungu, Kalunga, Karunga, Mpung ou Mpouking désignent « l’Etre
suprême ». Ainsi, la combinaison des deux vocables se
traduirait : « l’Etre suprême
qui se manifeste et se déploie dans l’ensemble de sa création
sous une forme androgynique, à travers son épouse éternelle la
Mère-Nature ».
Dans
les mythologies kongo de la création, le premier être humain
apparait sous une forme androgynique (homme/femme), soit « nkissi »
en woyo-kongo ou « mahungu » dans les dialectes d’autres
sous-groupes kongo. D’après les conceptions cosmogoniques
woyo-kongo et kongo, pour créer le clan, Dieu, le Grand-Maître de
l’Univers, revêtit une forme féminine.
Le
chercheur woyo-kongo poursuit : la Mère-Nature est constituée
de trois règnes – minéral, végétal et animal. Le processus
de gestation, très complexe et de nature mystique, de l’être
humain s’effectue dans le sein de la Femme-Dieu –
Ntshiento-Nzambi en woyo – pendant une période de neuf mois
lunaires au cours de laquelle le fœtus est successivement doté
d’éléments à base minérale, végétale, animale et, plus tard,
des facultés cérébrales qui, le distinguant de la bête,
l’assimile à Me-Nza-Mpungu, le Grand Maître de l’Univers,
ordonnateur du monde créé. Ce processus de gestation de l’être
pensant est régi par les lois du déterminisme cyclique de la vie,
découlant elles-mêmes de l’économie des lois d’Harmonie
Universelle.
Ntshiento-Nzambi
incarne donc les forces génératrices, conceptrices et fécondantes
de la Mère-Nature identifiée à la lune. De même que la Lune est
l’épouse du Soleil, de même Ntshiento-Nzambi est l’épouse de
la Lune. Il y aurait, selon Nguvulu Lubundi, une correspondance
curieuse entre les cycles lunaire et féminin : 28 jours chez
l’une et l’autre. Ce phénomène étrange expliquerait le fait
que la faculté d’intuition soit plus développée chez la femme
que chez l’homme.
Selon le
chercheur woyo, l’homme doit donner structure et forme à l’idéal
inspiré par Ntshiento-Nzambi. L’œuvre ébauchée par cette
dernière doit être complétée par l’homme. Rien d’étonnant
dès lors que la femme ait, au cours de l’histoire, assumé, tour à
tour, les rôles de chef de clan, de chef de tribu, de reine,
d’impératrice, voire de guide religieux (rôle qui lui reste
dévolu encore aujourd’hui dans plusieurs sociétés
traditionnelles africaines). Tous les grands Etats-Nations
précoloniaux (empires du Mali, du Ghana, du Bénin, royaumes de
Ngoyo, de Luango, de Kakongo, de Ngola, de Matamba, de la vallée du
Zambèze, tshokwé, lunda, luba, etc.) n’ont-ils pas été créés
par Tshiento-Nzambi ?s’interroge le chercheur. Pour Nguvulu,
Ntshiento-Nzambi est source à la fois de bonheur et de malheur. En
Afrique noire, elle incarne l’union du spirituel et du temporel.
Elle est l’ombre terrestre de la Grande Mère Cosmique qui crée et
régénère le monde.
C’est
justement, conclut Nguvulu Lubundi, faute d’avoir pu percer, à
partir de la seule « raison raisonnante », les énigmes
qui entourent le phénomène de Ntshiento-Nzambi, de l’ « Eternel
Féminin », que l’homme occidental s’est lancé dans des
entreprises à caractère prométhéen, cultivant un individualisme
forcené, parce qu’incapable d’apporter des réponses adéquates
aux contradictions groupe-individu, nature-culture. D’où, selon
lui, le caractère matérialiste, instable, traumatisant et violent
de la civilisation occidentale de type patriarcal incarné par l’homo
oeconomicus.
L’AFRIQUE
NOIRE PEUT ENFIN PARTIR !
Je
me souviens – oui, permettez qu'au terme de ce trop bref survol, je clôture mon propos par une anecdote. Je me souviens donc que, me rendant un matin chez le
« Vieux » Nguvulu, que je n’étais pas loin de
considérer alors comme mon maître à penser, je trouvai le patriarche
plongé dans l’accomplissement de ses dévotions religieuses
traditionnelles. Je le vois encore, de la fenêtre du salon où je
m’étais installé pour l’attendre, virevoltant aux quatre points
cardinaux, les bras enduits de kaolin tendus vers le ciel,
psalmodiant des mots incompréhensibles en woyo, sa langue
maternelle : en toute simplicité, le
« Vieux » vivait ce qu’il disait
et disait ce qu’il vivait...
Que
conclure de son discours et surtout de la scène à laquelle j’avais
par hasard assisté, sinon que le chercheur woyo-kongo nous invite à nous réapproprier notre identité culturelle,
mieux : à nous réinitialiser à notre
culture traditionnelle. Avant de nous lancer
dans la quête d’une hypothétique renaissance africaine, il
s’agirait, pour ce penseur exigeant, de retrouver notre véritable
identité nègre enfouie dans notre inconscient, prisonnière d’une
gangue culturelle aliénante qui nous empêche de voir ce que voient
nos frères et soeurs du monde rural qui représentent, selon
lui, la véritable personnalité et identité nègres et que nous
croyions avoir plantés au bord de la route du progrès.
Il
s’agit d’approcher ces derniers, de
les écouter à travers un dialogue national institutionnalisé
autour de la problématique du développement, en nous appuyant sur
la personnalité et l’identité nègres dont ils demeurent, encore
aujourd’hui, les dépositaires jaloux. Et, regardant tous dans la
même direction, nous verrons enfin – ô miracle ! – notre
entendement s’ouvrir à la vraie réalité africaine, qui, seule, devrait constituer le point de départ de la véritable renaissance de
l’Afrique. Alors, alors seulement, l’Afrique
noire pourra enfin partir!